" L'office du tourisme m'avais vendu l'ïle comme on vend Djerba ou Hammamet. Mais je ne pouvais que détourner le regard. Cette division mediterrannéenne était saisissante.
D'une part, Nicosie, capitale scindée en deux, affichant tout le long de la "ligne verte" les stigmates d'un passé douloureux. Les vieux artisans qui ont investi cette partie de la ville s'en souviennent, mais ils n'en parlent pas. Il me faudra voler ces images, échapper à la vigilance des militaires postés dos à dos.
En ce mois de ramadan, j'entendais, par delà les barbelés, le muezzin lancer son appel à la prière du "moghreb". Peut être que demain, cette ville sera à nouveau solidaire.
D'autre part, au même moment, sur les rivages du sud, le mitage de l'industrie touristique s'était substitué à celui des armes de guerre. Loisirs pacificateurs et décors de pacotilles.
La baie de "Nissi beach" prospère sur une note de forfait de vacances bien arrosées.
Au nord, de l'autre côté de la "ligne verte", la ville fantôme de Famagouste s'en souvient, mais elle semble muette. Des chaises longues attendent à nouveau sous un ciel menaçant. Peut être que demain, ici aussi, sera prospère."

Octobre 2006